Un relief sassanide saisi en Grande Bretagne
Un grand fragment de plus d’1m de hauteur d’un relief sassanide sur roche a été découvert en Grande Bretagne au moment de son arrivée. Sa caisse en bois de taille moyenne, presque sans rembourrage, maintenue par des clous, a attiré l’attention d’un agent des forces frontalières britanniques, car l’emballage de mauvaise qualité l’a intrigué et il a décidé d’en inspecter le contenu. C’est avec un grand étonnement qu’il a découvert qu’il contenait le relief d’une figure masculine debout qui, selon l’expertise du British Museum en la personne de St John Simpson, conservateur principal et archéologue au département du Proche-Orient, date de la fin du IIIe siècle de notre ère.
(photo depuis The Guardian, 1er April 2023)
L’exceptionnalité de la découverte est due aux conditions de son détachement : il est quasiment jamais arrivé que l’on ait réussi à enlever un relief sculpté dans la roche, en raison de la difficulté d’extraction. D’ailleurs St. John Simpson a remarqué des traces de feutre au dos qui ont dû servir à découper le sommet droit et les autres côtés du relief. L’absence d’inscription ne permet pas d’identifier avec certitude la personne représentée, mais son vêtement et sa coiffure indiquent qu’il s’agit d’une personne de haut rang, un noble plutôt qu’un membre de la royauté. Le geste de la main, avec l’index plié et levé, signe de salutation et de soumission, suggère que ce personnage était représenté devant son roi, et qu’il faisait donc peut-être partie d’une composition plus large, avec le roi à droite et peut-être d’autres personnages derrière, mais si c’est le cas, où sont-ils et peuvent-ils être réunis ?
L’empire sassanide (depuis Larousse)
Comme il a été taillé dans du calcaire, que l’on trouve dans tout l’Iran, il est difficile de déterminer sa localisation exacte. Mais comme la plupart des reliefs sassanides sur roche connus – une trentaine – se trouvent dans le Fars, leur patrie ancestrale, St John Simpson, spécialiste de la période sassanide, suggère une provenance dans la région de Chiraz. D’un point de vue stylistique, ce relief est très proche d’un autre connu à Guyum qui représente Bahram II (276-293 ap. J.-C.), mais il est unique par la représentation du personnage dans une niche architecturale et par sa taille relativement petite. Ce relief est une pièce unique et rare, qui a malheureusement perdu son contexte d’origine et donc une partie de sa compréhension. Sa valeur commerciale sur le marché des antiquités est estimée entre 25 et 35 millions de livres, car tous les individus ne se soucient pas de la provenance et se réjouiraient à l’idée de posséder personnellement une telle pièce.
Le relief a été restauré au British Museum car il était cassé en deux : l’absence de rembourrage lors de son transport en était la cause. Le musée a reçu l’autorisation du gouvernement iranien de l’exposer pendant trois mois avant de l’envoyer au Musée national de Téhéran. Les recherches pour trouver les responsables du détachement de ce relief continuent. Pour l’instant on sait qu’il était destiné à un site britannique de vente aux enchères sur Internet, mais celui-ci a déclaré qu’il ne s’attendait pas à recevoir l’objet. Du côté iranien, le trafic d’antiquités est toujours passible de la peine de mort. Mais ces dernières années, le marché noir a reçu davantage de matériel iranien. À suivre…
Vous pouvez citer cet article de cette façon : Laura Battini et St John Simpson, “Un relief sassanide saisi en Grande Bretagne”, dans Sociétés humaines du Proche-Orient ancien, 05/04/2023, https://ane.hypotheses.org/11266. –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Cite this article as: Laura Battini and St John Simpson, “, “Un relief sassanide saisi en Grande Bretagne,” in Sociétés humaines du Proche-Orient ancien, 05/04/2023, https://ane.hypotheses.org/11266.
ENGLISH VERSION
A large fragment, over 1m high, of a Sasanian rock relief was discovered on entry to Britain. Its medium-sized woodencrate, almost without padding, held together by nails cught the attention of a UK Border Force officer as the poorly made packaging intrigued him and he decided to inspect the contents. With great astonishment he discovered it to contain the relief of a standing male figure, which according to the expertise of the British Museum in the person of St John Simpson, a senior curator and archaeologist in the Department of the Middle East, turned out to date from the late 3rd century AD.
The exceptionality of the discovery is due to the conditions of its detachment: it is almost unheard of that anyone has succeeded in removing a relief carved in the living rock, because of the difficulty in extraction. Besides, St John Simpson noticed felt-tip marks on the back which must have been used to mark it up when cutting the top and sides straight with a machine. The lack of inscription prevents certain identification of the person, but his clothing and his headdress indicate that he is a person of high rank, a nobleman rather than royalty. The gesture of the hand, with a folded and raised index finger, a sign of greeting and submission, suggests that this figure was represented in front of his king, and that he was therefore perhaps part of a larger composition, with the king on the right and maybe other characters behind, but if so where are they and can they be re-united?
As it was carved out of calcareous limestone, which is found throughout Iran, it is difficult to determine its exact location. But given that most of the known Sasanian reliefs – around thirty – on rock are found in Fars, their ancestral homeland, St John Simpson, a specialist of the Sasanian period, suggests a provenance in the Shiraz region. From a stylistic point of view, this relief is very similar to another known there at Guyum which shows Bahram II (276-293 AD), but unique in its representation of the figure within an architectural niche and its relatively small size. This relief is a unique and rare piece, which has unfortunately lost its original context and therefore part of its understanding. Its commercial value in the antique market is estimated at 25-35 million pounds as not all individuals care about provenance and would relish at the thought of personally owning such a piece.
The relief was restored at the British Museum as it was foundroken in two: the lack of padding in its transport had been the cause of this. This museum received permission from the Iranian government to exhibit it for three months before sending it to the National Museum in Tehran and it is already on display. It is expected that the Iranian authorities will now start their own investigation into how the object came to be smuggled out It had been intended for a British Internet auction site but they claimed they did not expect to receive the item. On the Iranian side, trafficking in antiquities is still punishable by death. But in recent years, the black market has received more Iranian material. To be continued…
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
St John Simpson (5 avril 2023). Un relief sassanide saisi en Grande Bretagne. Sociétés humaines du Proche-Orient ancien. Consulté le 4 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/b5oq
